Agendas lunaires, livres, revues

une invitation à exprimer ta sensibilité, ta couleur, ton essence

Enfant plutôt solitaire, je partageais mon temps entre les livres de contes et légendes et les crayons de couleurs : je m’embarquais avec ces derniers des heures entières vers d’autres royaumes, j’étais “ailleurs”. Plus tard, les mythologies, la science-fiction, les différentes expressions artistiques (peinture, musique…) prirent le relais pour essayer de désaltérer ma soif inextingible d’évasion… Seulement voilà : à force de côtoyer l’imaginaire, le monde dans lequel nous vivons me plaisait de moins en moins ; je le trouvais profondément injuste et fade. Je ne voyais pas sa richesse. Je m’ennuyais. A 19 ans, j’arrêtais tout : les études, la peinture : quelque chose me poussait à sortir des sentiers trop bien balisés, mais là encore, j’avais systématiquement rendez-vous avec l’ennuie. En fait, j’avais soif, mais de quoi ?

Le fait d’avoir mis au monde mes deux enfants, Marie et Etienne, m’obligea à atterrir et vite ! Ils ont été et le sont encore, d’excellents professeurs sur bien des points. A la naissance de Marie, l’envie de reprendre le pinceau me pris et ne me quitta plus.

…Aujourd’hui, quand je peins, je sais rarement où je vais. Je me laisse porter par les couleurs, les formes, l’intuition ; c’est ainsi que de multiples facettes de moi-même m’ont été dévoilées (et ce n’est pas fini). La peinture est une magnifique thérapie !

Mais surtout, elle me permet de toucher du bout des doigts l’insoupçonné, le non-dit, le non encore révélé, un monde intemporel, plein de silences, de désirs, de lumières et d’ombres. Elle est un lien avec mon âme, avec le Divin. À chaque tableau, je soulève un bout du voile et découvre un peu plus l’autre côté de mon miroir. C’est elle qui m’a fait comprendre que la lumière ne peut pas se passer de l’ombre. La lumière est presque “ennuyeuse”, seule. Si l’ombre n’existait pas, comment pourrait-on prendre conscience de la lumière ?

Quand je peins, le temps se modifie, s’estompe, je suis en paix.

La peinture n’appartient à personne. Elle consolide les liens déjà existants entre les Êtres :

un fil d’amour se tisse entre le tableau, le peintre et son âme. Une histoire prend naissance, parfois pleine de symboles forts, parfois légère, jamais anodine. Mais quand le peintre appose sa signature, l’histoire n’est pas terminée : sa joie est bien réelle quand d’autres yeux se posent sur le tableau et laissent de côté pour un instant les soucis : un instant de bonheur précieux ! Cet instant-là de partage joyeux vaut bien des trésors, le peintre le sait et son coeur danse. Plus tard, si le tableau s’en va vers d’autres horizons, ce fil d’amour se transmute en d’autres belles émotions avec d’autres yeux, d’autres coeurs. Quelque part dans le temps, sur notre douce Gaïa, un lien sacré s’est créé ou recréé, entre ces différentes âmes. Le peintre le sait et son coeur sourit.

Marianne Lemarchand