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Une économie d’échanges gratuits

Février 2022

Le poète charpentier

Avec La belle verte, Coline Serreau a sorti un film perché qui présente des extraterrestres partageant librement le fruit de leurs récoltes et communiquant par télépathie. Pourtant, 25 ans après, je commence à toucher du bout du doigt cette nouvelle réalité.

 Il y a 10 ans, la question était posée de savoir s’il existait des monnaies plus « féminines » et d’autres
plus « masculines ». Pour être franc, cette façon de voir les choses ne me parle pas. De prime abord, j’associe
l’argent à la guerre. La création de l’empire romain a été possible grâce aux mines d’argent en Espagne
prises aux Carthaginois. Ces mines ont permis de payer les soldats qui pouvaient échanger cette matière
précieuse contre de la nourriture ou des vêtements. Tu te rends alors compte que c’est l’argent qui permet de
disposer d’une armée, sinon les soldats n’auraient rien à échanger. Maintenant, nous avons des armées de
gendarmes, d’enseignants, de juges et d’avocats, etc., toutes sortes d’institutions dotées de pouvoir.

Dans les campagnes, il ne devrait pas être nécessaire d’accumuler des biens. La prospérité est collective,
elle se trouve dans l’entraide et dans les relations de confiance. Elle repose sur les services que l’on se rend mutuellement sans rien attendre en retour, dans l’idée qu’une communauté forte protège naturellement
la santé, l’intégrité physique et psychique des personnes qui la composent, telle une tribu.

Tu l’auras compris, mon souhait est de parvenir à un mode de vie en société où les échanges sont gratuits. Je ne consacrerais qu’une partie de l’année à ma subsistance personnelle ou à celle de ma famille et le reste du temps serait alloué à des activités qui ont du sens pour moi et qui contribuent à embellir le monde, à renforcer l’entraide et les relations de confiance, à cultiver les moments de joie, de convivialité. Comme dans les histoires tsiganes…

Dans les échanges gratuits, il n’est plus nécessaire de compter. Plus besoin de monnaie. On revient à une société basée sur la parole donnée. Une société de l’écrit, c’est une société qui a perdu ou est en train de perdre la mémoire. Quand la mémoire est portée par les humains, plus besoin d’écrits. Nous pouvons revenir
à des discours porteurs de sens, adaptés à chacune et chacun en fonction de là où il ou elle en est, où l’on arrête d’ergoter sur des mots, pour revenir aux intentions profondes.

Quant au masculin associé à la domination et la violence, cette étiquette me pose problème. Évidemment, le patriarcat capitaliste colle à cette idée. Mais pour l’homme que je suis, c’est difficile à accepter. Comment puis-je être homme en pleine conscience sans être mal vu ? Pendant des années, j’ai grandi dans la hantise d’être perçu comme un macho ou pire comme un potentiel pédophile. Il y aussi cette idée que les hommes sont des êtres obsédés par le sexe. Tout ça me donne la nausée.

Comment puis-je être homme dignement ? Quelles seraient les qualités liées à l’énergie masculine ? Les hommes semblent mieux préparés à faire face aux basses fréquences. Même s’ils ont moins la capacité d’interagir avec le monde subtil, leur rôle est essentiel pour offrir un espace de sécurité permettant au monde subtil et à la beauté de se développer. Il y a une complémentarité à trouver : le cercle d’hommes protège celui des femmes. Le cercle de femmes ne peut développer sa puissance sans la présence des hommes qui écartent toutes les menaces.

Artiste Alice Mason

Découvrez l’intégralité du dossier Explorez l’énergie Argent dans la revue 54.

Alice Mason