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Les femmes, leur connaissance innée et intuitive du monde végétal

Février 2022

Yaël Catherinet-Buk

Qu’est-ce qui nous amène à imaginer, penser que les femmes possèdent la connaissance empirique du monde vert ? Est-ce une croyance, un fantasme, un mythe ou un mystère qui coulent dans nos veines ?

J’aimerais avec vous me pencher sur ces faits. Peut-être que, pour cela, nous pouvons procéder selon deux voies d’exploration, si vous le voulez bien ! L’une sera de débrancher son mental, laisser son cœur et la vision nous transmettre, pour la recevoir, l’information appropriée ; l’autre, de chercher dans des livres ou auprès de personnes ressources, les savoirs écrits.
Mes pas et mes inspirations suivent plus facilement le premier sentier, celui du senti-ressenti mais j’avoue que la lecture est aussi une grande source de connaissances qui nourrit grandement mes inspirations. Je suis persuadée que l’un et l’autre sont complémentaires, comme le féminin et le masculin, chacun harmonise l’autre. Si nous choisissons avec notre cœur, le premier chemin est souvent celui que nous adoptons, laissant place à toute notre intuition. Si nous partons plutôt vers le second, c’est que notre esprit a faim d’apprendre, un appétit à ne pas négliger, comme celui de notre temple, le corps de chair, de souffle et de joie.

Quelle que soit notre route, il me semble important de prendre conscience que les femmes ont toujours été des gardiennes de la Terre-mère : par notre nature, notre essence, nous avons toujours pris soin du vivant, de tout ce qui croît, pousse, nourrit, se sème, se récolte.
Si nous nous penchons autour des mythes, quels que soient leurs différents horizons et les diverses spiritualités, la femme porte en elle la vocation mystique d’engranger les semences, celles qui donnent les fruits, et de ramasser les herbes médicinales qui soignent avec humilité. La plupart de ces connaissances ont toujours été transmises par des pairs, sous forme orale, initiatique. Au fil du temps, elles se sont perdues et ont pris des chemins plus intellectuels, scientifiques. Dans mon parcours principalement empirique, j’ai été sensibilisée à l’art thérapeutique des sages-femmes traditionnelles du Mexique qui, dans leurs accompagnements, utilisent l’intelligence guérisseuse des plantes pour les futures mères qui viennent à elles. Leurs savoirs se transmettent de grands-mères à petites-filles, de femmes sages à jeunes femmes.

Ma curiosité m’a aussi amenée à aller chercher dans des écrits, j’y ai observé que la plupart des cultures anciennes, indigènes, lointaines, procédaient aux mêmes transmissions en employant l’expérience du terrain et l’oralité. De même, on peut observer que dans les ordres religieux, plus proches de nous, les sœurs affectionnaient de cultiver, de préparer des remèdes médicinaux pour rétablir la santé de ceux qui en avaient besoin. La spiritualité et le monde végétal ont toujours pactisé et agi ensemble à l’art de requinquer, cicatriser, libérer celui qui souffre, cherchant l’apaisement et la régénération.
La connaissance empirique trouve également ses racines par le prisme des grandes figures mythologiques, celles des déesses ou autres figures légendaires féminines. Nous irons par curiosité nous pencher pour écouter leurs histoires, des plus illustres au plus méconnues, de la célèbre Déméter qui pourra nous initier au cycle des saisons et à la croissance des végétaux, à la déesse grecque Panacée qui prodiguait aux hommes des remèdes naturels, en passant par Circé, la sorcière, connaisseuse experte des poisons, potions magiques, ainsi que Airmeith, Déesse celte spécialiste dans l’étude et la connaissance des herbes médicinales, et pour finir Hildegarde Von Bingen, nonne mystique qui pratiquait l’art de soigner naturellement. Je vous invite à partir dans les histoires que conservent les livres pour nous les raconter, nous y goûterons avec délice l’art des magiciennes de la terre : Les guérisseuses.

Découvrir l’intégralité du dossier Sorcières Vertes dans la revue 54.

Artiste : Alice Mason

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